Le château, de son origine à sa destruction en 1591

Partie du vitrail situé derrière la nef. On y voit le château surplombant le village.
Partie du vitrail situé derrière la nef. On y voit le château surplombant le village.

Le Connétable Raoul, en même temps qu'il fondait le village, avait commencé la construction d'une forteresse destinée à protéger le Comté de Clermont contre une agression venant de la Normandie et de Beauvais. Catherine, sa fille, et Louis de Blois, son gendre, achevèrent de bâtir ce château-fort. 

 

A peine la construction en était elle achevée qu'une querelle surgît entre la Comtesse Catherine et son turbulent voisin Philippe de Dreux, évêque de Beauvais, au sujet de la forteresse qu'il venait d'élever à Bresles, c'est-à-dire, à une lieue et demie à peine de La Neuville en Hez.

 

Aussi, Catherine fit-elle appel à Renaud, Comte de Dammartin et de Boulogne, son cousin qui, accourant aussitôt, vint détruire le château de Bresles. L'évêque laissa s'éloigner les troupes de Renaud, mais quelques temps après, en 1212, se mettant à la tête des gens de la commune de Beauvais, il fondit sur La Neuville en Hez, s'empara du château et le rasa à fleur de terre.

 

Cette petite campagne entre beauvaisiens et clermontois fut un des incidents qui préludèrent à la guerre qui éclata l'année suivante entre Philippe-Auguste et la conciliation formée de l'empereur Othon, du roi d'Angleterre et des Comtes de Flandres et de Boulogne. La victoire de Bouvines, le 27 juillet 1214, sauva la France de l'invasion.

 

S'il est vrai que Saint Louis soit né à La Neuville en Hez le 25 avril 1214 et non 1215, il est probable que le château, détruit en 1212, était déjà rebâti à cette époque. La Comtesse Catherine, fille du Connétable Raoul, avait fondé dans le château, une chapelle en l'honneur de Sainte Catherine. Elle avait doté le chapelain de rentes en grains, en vin et argent. Elle lui avait fait construire une maison. Philippe-Auguste y ajouta une rente de 60 sous parisis.

Ces diverses libéralités furent confirmées par Saint Louis en 1259 et par Philippe le Hardi en 1277.

 

La Neuville en Hez et la forêt de Hez furent comprises dans les dépendances du Comté de Clermont donné en apanage par Saint Louis à Robert, son sixième fils. La Neuville en Hez fut dès lors,  une des sept châtellenies du Comté.

Les rois dont le séjour à La Neuville en Hez sont mentionnés dans les actes sont:

 

     - Saint Louis en 1258 et 1261

     - Philippe le Hardi en 1275 et 1277

     - Charles le Bel en 1327

     - Philippe de Valois en 1331 et 1334

 

Louis 1er, Duc de Bourbon, augmenta vers  1335, les fortifications du château. Elles eurent plus d'un assaut à supporter pendant la guerre de Cent ans. Les troupes navarraises du Captal de Buch s'emparèrent de cette forteresse en 1358. Elles démolirent les maisons qui se trouvaient au pied et creusèrent à leur place, des fossés et arrières fossés. Les bourgeois de Paris obtinrent en 1360, l'évacuation de ce château et de 24 000 écus d'or, l'autre moitié étant payée par les habitants des pays voisins de ces places fortes.

 

Le château de La Neuville en Hez fut livré aux Bourguignons par ordre de Charles VI, en 1418. Il fut repris par le roi Charles VII en 1429 après la prise de Compiègne et de Senlis.

 

Par son ordonnance du 10 avril 1432, le roi ordonna des garnisons dans différentes forteresses pour empêcher les gens de guerre à son service de faire grands outrages et dommages au peuple et pour entretenir en ces pays le commerce et le labourage. C'est ainsi que le château de La Neuville en Hez reçut 25 hommes d'armes et 30 hommes de trait.

 

Le bourg eut encore à souffrir des incursions des Bourguignons pendant le siège de Beauvais en 1472. L'Hospice Saint Julien, où étaient reçus les indigents et les malades, fut pillé et presque détruit. Jean de Bar, évêque de Beauvais, accorda en 1474, 40 jours d'indulgences aux fidèles qui, pendant un an, contribueraient par leurs aumônes au rétablissement de cet hospice.

 

Les troupes qui tenaient garnison dans le château ne se faisaient sans doutes pas faute d'enlever aux malheureux habitants du village, le vin, les volailles, etc...Charles de France, Duc d'Orléans, Comte de Clermont, défendit, en 1542, aux chefs et capitaines de tolérer ces rapines.

 

En 1572, Charles IX donna à Marie Touchet, Dame de Belleville, sa maîtresse, l'usufruit du château de La Neuville en Hez, et supprima le commandement de la forteresse. Cependant, le Parlement, par arrêté du 6 août 1574, refusa de vérifier les lettres constatant cette donation et l'affaire n'eut pas de suite.

 

En 1589, les troupes royales occupèrent le château. Le 18 novembre 1590, pendant que les ligueurs de Beauvais pillaient le château de Bresles,  Sesseval, qui n'avait pas voulu prendre part à cette expédition, partit de Beauvais dans la nuit à la tête de ses troupes et arriva sous les murs de La Neuville en Hez le 19 au matin. La garnison, trop faible pour résister, se rendit et Sesseval, laissant la garde de la forteresse à son infanterie, retourna à Beauvais, ramenant prisonniers plusieurs seigneurs de la région.

 

Les ligueurs ne conservèrent pas longtemps cette place. Voici comment Jean Vaultier de Senlis raconte dans son journal, la prise du château par Henri IV et le célèbre capitaine calviniste François de la Noue, dit Bras de fer:

 

     - "Monsieur de la Noue, étant toujours éveillé au service de sa Majesté, averti qu'il fut qu'en plusieurs châteaux et lieux forts du pays des Beauvoisins, se retiraient les ennemis qui faisaient infinis maux par leurs incursions et pour y remédier, fit rassembler toutes les garnisons des environs de cette ville (Senlis), et avec trois pièces de canon partit le 1er janvier 1591. 

 

Il fit assiéger le château de La Neuville en Hez où s'y trouva sa Majesté avec les régiments des seigneurs de la Garde, d'Argenteuil et autres grands seigneurs et leurs troupes. Étant sommés, voulurent voir l'artillerie, puis faire réponse qu'ils ne pouvaient rendre la place sans le faire savoir à Monsieur de Sesseval, gouverneur de la ville de Beauvais qui les avaient commandés à la garde d'yceux. Ce qui fut fait part un tambour que, ledit seigneur de la Noue dépêcha avec eux tant pour ladite La Neuville en Hez que pour le château de Bresles, auquel ledit seigneur de Sesseval manda de rendre à quelque composition que ce fût, attendu qu'il n'y avait lors moyen de les secourir.

 

Ce qu'ils firent et sortirent bagues et armes sauves. Et furent conduits en assurance jusqu'à ladite ville de Beauvais, à la réservation de deux caporaux qui furent pendus à un arbre derrière l'église et du Procureur du roi de ladite La Neuville en Hez et de sa soeur qui avaient mis le feu aux galeries dudit château, pour brûler ce qui était dedans, afin que les gens du roi ne s'en aidassent, lequel procureur et sa sœur furent amenés en la ville de Clermont et, leur procès fait, il fut pendu et sa soeur assista à sa mort, et fut seulement fustigée.

Henri IV demeura encore six jours à La Neuville en Hez puyis alla prendre gîte au château de Bulles".

 

Le château, détruit par l'incendie, ne fut pas rétabli. Le Comté de Clermont, dont il dépendait, appartenait alors à des seigneurs engagistes qui n'y résidaient jamais. Il ne subsiste du château que la motte située entre le village et la forêt. Elle forme un tertre ovale élevé à 7 mètres, long de 108 mètres et large de 80 mètres. Des souterrains se trouvent en dessous. Un peu plus loin, un étang, creusé pour le service du château, était alimenté par une conduite d'eau venant d'une fontaine de la forêt.

 

L'emplacement de l'ancien château a été débarrassé, il y a une dizaine d'années, des ronces et des broussailles qui l'obstruaient. On y a planté quelques arbres fruitiers et tracé des allées sinueuses. Monsieur le Duc d'Aumale qui avait ordonné des travaux, après avoir fait dégager  les quelques ruines qui subsistent encore, fit ériger au sommet du tertre, une statue de Saint louis portant la couronne d'épines. Sur le piédestal se lit cette inscription:

 

     -" L'an 1215, naquit en ce lieu le bon roy Loys IXe du nom. Ce monument a été érigé en 1879 par Henri d'Orléans, duc d'Aumale ".