La naissance controversée de Saint Louis

 Des discussions aussi longues que confuses ont surgi au sujet du lieu de naissance de Saint Louis, que les uns placent à Poissy tandis que d'autres font naître ce saint roi à La Neuville en Hez. Nous nous contenterons de résumer ici le débat.

 

Les partisans de La Neuville en Hez invoquent à l'appui de leur cause trois Chartes royales de 1468, 1475 et 1601. Dans la première qui émane de Louis XI, il est dit, en parlant de La Neuville en Hez que

 

     -"...Monseigneur saint Lois, nostre prédécesseur de glorieuse mémoire, fut né et y print sa naissance, ainsi qu'il nous a esté affermé..."

 

La seconde Charte relate la même opinion à peu près dans les mêmes termes. La troisième, émanée du roi Henri IV, confirme les privilèges des habitants du bourg et ajoute:

 

     -"...Et même le roy saint Lois, de bonne mémoire, en considération de ce qu'il estoit nay et avoit prins sa naissance au château de La Neufville, les auroit affranchis de toutes tailles..."

 

Monsieur Maillard, avocat au Parlement, et le savant abbé Leboeuf, s'emparant de ces textes en 1732 et 1733, déclarèrent que Saint Louis était né à La Neuville en Hez, attendu que c'est positivement inscrit dans les trois Chartes susdites, tandis qu'il n'est dit nulle part que Saint Louis soit né à Poissy.

 

Guillaume de Nangis déclare seulement qu'il y a été baptisé. Le P. Mathieu Texte répondit que Bernard Guy et Guillaume de Chartres attestaient, à la fin du XIIIème siècle et au commencement du XIVème siècle, la naissance de Saint Louis à Poissy, de même que la Charte de fondation du couvent de Poissy en 1298, où Philippe le Bel donne pour motif de la création de ce monastère, l'affection de son aïeul pour le lieu de son origine, originis suoe locum. Le débat dure ainsi jusqu'en 1739, sans qu'aucun des adversaires voulût se laisser convaincre.

 

En 1865, Natalis de Wailly a donné à son tour sur cette question son opinion basée sur des arguments nouveaux. Si les lettres de Louis XI n'ont pas péri dans le siège de 1591,  comment celles de Saint Louis ont-elles été détruites ? (Cette raison n'est pas sans réplique parce qu'on pourrait alléguer que la Charte de Saint Louis a péri pendant les nombreux sièges de la guerre de Cent ans).

Les autres raisons nous paraissent avoir une valeur toute différente. Pourquoi les lettres de Saint Louis, si importantes pour les habitants, puisqu'elles les exemptaient de la taille, n'ont-elles jamais été vidimées ? Pourquoi ne sont-elles pas transcrites dans le cartulaire de La Neuville en Hez, rédigée au XIVème siècle, conservé aujourd'hui à la Bibliothèque nationale ? 

 

Quant aux mots origo et oriandus sur lesquels avaient tant disserté les savants du XVIIIème siècle, Monsieur de Wailly déclare qu'ils s'appliquent toujours au Moyen Age au lieu de la naissance. Il cite enfin ce passage de Jean de Saint Victor qui vivait sous Philippe le Bel:

 

     -"...Apud Poissacum, ubi idem sanctus Ludovious natus fuerat..."

 

     -"... à Poissy où naquit le saint roi Louis..."

 

La conclusion du savant académicien est celle-ci:

 

     -"...Un ouï-dire recueilli en 1468, doit-il obtenir plus de créance que le témoignage des contemporains ?..."

 

Cette argumentation n'a pas été réfutée jusqu'ici. Les partisans de La Neuville en Hez n'ont qu'un moyen d'y répondre. C'est d'apporter dans le débat des textes des XIIIème et XIVème siècles à l'appui de leur opinion.